Dernières nouvelles du front

Publié le par Catherine de Normandie

   


    Il n’était pas dans mon intention, en commençant ce blog, de taper dans l’émotionnel exacerbé pour faire pleurer dans les chaumières (d’autant plus que je me porte très bien !) mais d’attirer l’attention sur nos existences, nos enfances particulières.

   

    Car nous avons tous quelque chose en commun : Chaque commémoration du 6 Juin 1944 est le début de notre histoire. Combien d’entre nous scrutent encore les images d’archives montrant les soldats en se demandant « Et si c’était lui, mon père ? » Même si il ou elle n’en parle pas, la souffrance se réveille.

      

    Récemment, un très bon téléfilm rappelait ces histoires d’amours de la libération. A la fin, une femme, enceinte d’un soldat noir, partait main dans la main « à Paris », avec son mari de retour d’Allemagne. Cette "happy end" m’a glacée car j’ai pensé à l'enfant privé de père et qui comme nous, passerait sa vie à se questionner sur ses origines.

    

     La plus forte émotion que j’ai ressentie durant mes recherches fut le jour où j’ai visité ce que l’on m’a présenté comme étant l’appartement de mon père : une sorte de souk tellement sale que, bouleversée, je suis descendue chez sa voisine qui l’avait bien connu. Je me suis assise sur le canapé en pleurant. Elle m’a consolée et demandé ce dont j’avais besoin. J’ai séché mes larmes et dit : « I need a scotch ». Elle m’a répondu : « Je crois voir votre père. Après la mort de sa femme, il s’asseyait là, dans la même position que vous et me demandait un scotch. C’était sa boisson préférée ».

 

    Après, ma cousine m’a emmenée – à ma demande – dans un grand bar-restaurant. Je l’ai laissée à table, me suis installée toute seule sur un haut tabouret au bar où j’ai sifflé un double-scotch, à la mémoire de mon père.

 

    Il n’en fallait pas davantage. Ma quête identitaire se termina ce jour-là. J’étais la fille de mon père.

 

    Pour revenir à mes « sisters et brothers » ici, en France, il serait si bien qu'une autorité compétente prenne en charge nos recherches avec le soutien des Etats-Unis. Même si ces recherches n’aboutissaient pas, même si nos familles là-bas se montrent réticentes ou suspicieuses, nous nous sentirions pleinement reconnus.

 

    Ce serait en tout cas moins coûteux que l’expédition de bataillons chargés de maintenir « l’ordre » dans des pays riches en minerais.


Je continue à chercher quel fut le parcours de mon père en France. Il aurait fait partie du Red Ball Express...

 

 


Il en question dans magazine d'histoire sur le Net, HISTOMAG'44, qui publie au mois de mars un dossier consacré aux soldats Afro-Américains et aux "enfants oubliés de la guerre" auquel j'ai participé.

 

 



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D
<br /> merci de ces émouvants récits...<br /> <br /> Darjela<br /> <br /> <br />
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H
<br /> merci Catherine , pour ce récit , c'est un vrai parcours du combattant,que nous avons tous entamés un jour avec les autorités ,combien de nous enfants de GI ne sauront jamais leurs origines , toi<br /> et moi sommes rassurées nous avons "réussi" , grace a mes soeurs et la détermination dont tu as fait preuve ,toutes mes amitiés , Huguette<br /> <br /> <br />
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C
<br /> BRAVO à toi aussi ! Dans notre genre, nous sommes des Vétérantes ! Mais si je n'avais pas eu pas eu la chance d'avoir rencontré tes soeurs, je serais toujours "sur la touche". Je t'avoue que<br /> j'aurais aimé les avoir dans ma famille. Mais au final, elles sont mes soeurs de coeur, et toi aussi. Bises<br /> <br /> <br />